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Qu’est-ce qui intéresse réellement le banquier?

Près d’une entreprise sur deux demande du financement chaque année. Que ce soit pour le démarrage, l’achat ou la croissance d’une entreprise, la réalisation d’un projet d’investissement, requiert la plupart du temps un apport financier externe.

Faire une demande de financement auprès d’une banque peut être intimidante, surtout lorsque le projet en dépend. Pour mettre toutes les chances de votre côté, il faut d’abord comprendre ce qui intéresse le banquier qui analysera votre demande. Il y a un fait qu’il ne faut pas perdre de vue : le banquier ne vous connait pas. Vos supporteurs et vous-même êtes certainement convaincu que votre projet aura un franc succès et que vous saurez l’y mener. Le banquier, lui, ne l’est pas. Il ne pourra se baser que ce que vous lui présenterez.

Le promoteur

Avant d’accorder toute forme de financement, le prêteur voudra déterminer s’il peut faire confiance au promoteur, soit celui qui présente le projet.

Premièrement, l’expérience du promoteur au niveau professionnel et entrepreneurial aura une grande importance car le banquier l’utilisera pour juger sa capacité à mettre en œuvre les projets et à les gérer. Si le promoteur est un particulier qui souhaite se lancer en affaires, un CV à jour, qui met l’accent sur ses compétences et expériences ayant un lien avec le projet présenté, sera indispensable. Si le promoteur est une entreprise déjà en opération, le banquier analysera son évolution et sa performance à partir de son historique et de ses états financiers afin de déterminer vos qualités de gestionnaire.

Ensuite, sa vision du projet et l’énergie qu’il déploie pour sa réalisation rassureront, ou pas, le banquier sur son dévouement à sa réussite. Le banquier est conscient que les entrepreneurs rencontrent des défis et des imprévus lors de mise en œuvre de nouveaux projets. Il doit s’assurer que le promoteur n’abandonnera pas le navire à la première vague. La façon de présenter le projet importe aussi: une bonne confiance en soi et en son projet transparaîtra. Une présentation soignée et préparée minutieusement peut faire toute la différence.

Finalement, l’historique financier est ce qui pèsera le plus lourd dans la balance. Est-ce que le promoteur a toujours su respecter ses engagements financiers? De quelle importance étaient ces engagements versus le financement actuellement demandé? Un historique de crédit insuffisant peut rendre le financement très difficile à obtenir. Si le promoteur est une entreprise en démarrage ou une jeune entreprise, l’analyse du crédit personnel du particulier en arrière du projet sera assurément effectuée. Puisque le risque est élevé, le banquier veut s’assurer que le particulier sera en mesure de rembourser la dette si les affaires vont moins bien que prévu et que l’entreprise n’est pas en mesure de le faire. C’est pourquoi la fiabilité du particulier relativement à ses engagements financiers est si importante pour la plupart des demandes de financement, même si elles sont faites pour une entreprise.

Mon conseil si vous souhaitez vous lancer en affaires à moyen terme: bâtissez un historique de crédit solide en utilisant intelligemment du financement personnel, par exemple une carte de crédit. Si le promoteur est une entreprise établie, le banquier se concentrera sur l’historique financier de l’entreprise. Il utilisera ses états financiers afin de déterminer la qualité de la gestion de l’entreprise et sa capacité actuelle à assumer le financement demandé. C’est ici qu’entrent en jeu les fameux ratios financiers. Il y en a trois qui intéressent particulièrement le banquier qui analyse une demande de financement :  le fonds de roulement, l’endettement et le rendement. Il utilisera aussi les états financiers pour comparer l’entreprise à son secteur d’activité et ainsi déterminer si sa performance est moindre ou meilleure que celle de ces concurrents.

Un peu plus en profondeur : Le fonds de roulement est déterminé en divisant l’actif à court terme par le passif à court terme. La valeur obtenue indique la capacité de l’entreprise à faire face à ses obligations existantes au cours de la prochaine année. Ce ratio doit en tout temps être supérieur à un, sans quoi l’entreprise aura de la difficulté à payer ses factures et, évidemment, à rembourser ses emprunts. L’endettement est déterminé en divisant le total du passif par le total de l’actif. La valeur obtenue indique quelle proportion de l’entreprise est financée par des créanciers externes. Pour une entreprise en démarrage ou en croissance, cette valeur devrait représenter au plus 75 %. Finalement, le rendement peut être mesuré de plusieurs manières. Ce qui intéresse surtout le banquier, ce sont les fonds que l’entreprise génère annuellement et qui seraient disponibles pour rembourser la dette. Il utilisera donc le bénéfice avant impôt et y ajoutera l’amortissement pour déterminer les liquidités dont l’entreprise devrait disposer annuellement et qu’elle peut utiliser à sa discrétion, notamment pour effectuer le remboursement de passifs.

Il est très important de soigner les états financiers de sorte à ce qu’ils représentent fidèlement votre entreprise. Des erreurs à ce niveau sont impardonnables aux yeux du banquier car il doit s’y fier pour prendre des décisions importantes.

À partir de ces trois éléments, le banquier aura déterminé son niveau de confiance en l’entrepreneur derrière le projet. Si celui-ci est insuffisant, il y a peu de chance qu’il aille de l’avant.

La capacité de remboursement

Ce n’est pas un secret : les banques aiment faire de l’argent. En fait, qui n’aime pas ça? Pour une banque, un prêt est un investissement dans l’entreprise, sur lequel elle s’attend à recevoir un certain rendement : les intérêts. C’est pourquoi la capacité de remboursement est extrêmement importante à ses yeux.

Au point précédent, le banquier a déterminé s’il peut faire confiance au promoteur pour la réalisation du projet. Pour déterminer s’il veut investir dans ce projet, il doit savoir si ce projet sera en mesure de générer un rendement suffisant pour soutenir le financement demandé. Comment? En analysant le plan qui lui est présenté.

La plupart des projets sont présentés à l’aide d’un plan d’affaires, surtout axé sur la démonstration de la faisabilité et dont plusieurs modèles sont disponibles en ligne. Pour ma part, je favorise l’utilisation d’un plan de démarrage. Basé sur le principe d’une planification stratégique, il est plus complet et surtout un meilleur outil pour la réalisation du projet. Il y a beaucoup à dire sur l’importance de faire un plan et son contenu alors ce sera le sujet d’un prochain article!

L’analyse du plan par le banquier sera axée sur deux objectifs : déterminer la fiabilité des informations et la faisabilité du projet.

Comme pour les états financiers, l’information contenue dans le plan d’affaires doit être vérifiable. Les prévisions financières devront être appuyées par des hypothèses réalistes et justifiées. Si un bénéfice net de 100 000 $ est prévu, il faut pouvoir expliquer pourquoi et comment. Le banquier veut valider si le promoteur connait bien le marché dans lequel il souhaitez se lancer et qu’il est en mesure de bâtir une stratégie d’affaires cohérente. Le plan doit donc être élaboré en tenant compte de l’offre et la demande, de la concurrence et du contexte actuel du marché, soit les opportunités et les menace qui y sont présentes. Il voudra également s’assurer que le promoteur est conscient des enjeux opérationnels du projet :

  • Quelles ressources sont nécessaires et comment seront-elles utilisées?
  • Après avoir questionné les fondements du plan, le banquier passera aux chiffres. Sont-ils fiables et réalistes?
  • Est-ce que la structure financière proposée est saine?
  • Est-ce que le rendement de l’entreprise lui permettra d’assumer ses engagements financiers?
  • Quels facteurs sont susceptibles de lui être défavorable et quel impact auraient-ils sur sa rentabilité de sa capacité de remboursement?

En bref, le banquier veut s’assurer que le plan est bâti à partir d’informations solides et que le projet sera suffisamment rentable pour supporter le financement demandé. Si ce n’est pas le cas, le projet n’est pas viable et devra être remis en question.

Les garanties

Dans tous les cas, le banquier veut prendre le moins de risque possible.  C’est pourquoi, si le projet ne fonctionne pas comme prévu, il veut pouvoir se tourner vers des garanties pour récupérer son argent. Évidemment, ce n’est pas son objectif premier. Il s’agit plutôt d’une mesure de sauvegarde (autrement dit, un backup) et d’une certaine assurance que le promoteur est sérieux dans ses démarches. En effet, le fait de donner des biens en garantie, qu’ils soient la propriété du particulier ou de l’entreprise, oblige le promoteur à honorer ses obligations envers le banquier sans quoi il doit lui céder les biens en question pour en assurer le remboursement.

Des garanties suffisantes pour couvrir le prêt seront demandées dans la plupart des cas. C’est-à-dire que des biens dont la valeur marchande totale excède la valeur du prêt devront être donnés en garantie. Si le financement sert à acheter des biens, par exemple des équipements, ces derniers seront généralement une garantie suffisante.

Si le promoteur ne dispose pas de biens suffisants, une tierce partie peut se porter garante de la dette.  Il est fréquent que le propriétaire d’une entreprise soit caution (on utilise souvent le terme endosseur) ou donne en garantie ses biens personnels pour que l’entreprise puisse obtenir un prêt.  Il est aussi possible ses garanties proviennent de quelqu’un d’autres, par exemple un membre de la famille.

Le risque et son partage

Le banquier, comme tous les investisseurs, évalue ses investissements en fonction du risque et du rendement. En plus du risque direct du projet, il vérifiera donc les risques du secteur d’activité du projet afin de déterminer s’ils sont acceptables ou non par rapport au rendement généré par son placement. Par exemple, il est plus difficile d’obtenir du financement pour des projets dans les secteurs à haut risque, comme la restauration et la technologie. Si le projet est trop risqué pour être financé par une banque, il existe d’autres alternatives.

Un autre aspect important de l’analyse du risque est son partage. L’investissement d’une somme significative par le promoteur indique son implication dans le projet et sa volonté de le mener au succès.

Pour conclure

En plus de vous permettre de mieux préparer vos demandes de financement, le fait de réfléchir à ces questions a un autre énorme avantage : il vous amène à questionner votre projet et votre capacité à le réaliser.

Si vous souhaitez un accompagnement professionnel pour l’évaluation, la planification et la présentation d’un projet d’investissement, n’hésitez pas à me contacter!

 

 

– Anne