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C’est décidé, je vends!

On ne se lève pas un matin en se disant « Je vais vendre mon entreprise ». En général, c’est le fruit d’une longue réflexion et ce n’est pas une mince décision qu’on doit prendre à la légère. Vendre son entreprise, ça se prépare.

Pour avoir acheté et vendu mes propres entreprises et conseillé d’autres entrepreneurs dans ce processus, la partie émotionnelle est souvent le premier, et probablement le plus difficile jalon à traverser. Prendre la décision de se séparer d’une entreprise qu’on a bâtie à la sueur de son front et qui a accaparé l’essentiel de nos pensées et de notre énergie pendant des années, c’est un peu faire le deuil d’un pan de notre vie.

Cette première étape de réflexion est probablement la plus importante. Et je ne parle pas de s’étendre chez le psy ou de réfléchir pendant 24h dans le noir en faisant des colonnes de pour et de contre dans un cahier Canada. Comme c’est surement le cas pour la majorité des entrepreneurs, la réflexion chez moi s’est d’abord fait « sur le tas », dans le flot de victoires et d’irritants quotidiens, en observant la dynamique de l’entreprise et l’équilibre (ou déséquilibre) de ma vie personnelle, en jasant avec des proches, etc. Et, je suis certain que plusieurs se reconnaitront, comme un bipolaire devant un comptoir de crème glacée, ma réflexion passait de « je vais ouvrir d’autres succursales et développer en malade » à, quelques matins plus tard, « je me débarrasse de cette maudite entreprise au plus #$@%?&!! ».

 

Longue réflexion, mais qui à mon avis doit prendre le temps que ça prend pour faire le tour de la question. Pourquoi vendre ? À qui ? Combien ? Quand ? Comment ? Peser les pour et les contre, avoir un plan de carrière pour la suite (j’avais 31 ans), etc., etc.

 

Pour moi, les raisons qui m’ont amenée à vendre étaient nombreuses. La fatigue, tant mentale que physique, a assurément joué un rôle important dans ma décision. La fatigue, en soit c’est tel que tel, ça fini généralement par passer et se rétablir. Mais quand ça perdure pendant 3-4 ans, ça devient plus difficile à gérer. Et ça vient aussi avec un paquet d’effets secondaires; irritabilité, inefficacité, difficulté de concentration, manque de motivation, mémoire fragile, etc.

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La gestion et le manque de main-d’œuvre ont aussi été un élément central dans ma décision. J’avais beaucoup d’employés étudiants et saisonniers, donc une rotation annuelle qui exige de refaire le processus de recrutement et de formation chaque année. Plus les années avançaient, plus il devenait difficile de recruter. Quand la pile de CV fait un pied d’épais, on peut établir des critères de sélection, recruter en fonction de nos besoins réels, choisir des personnalités qui s’intègrent bien à l’équipe pour créer un esprit d’équipe solide et identifier des compétences complémentaires. Ces années où j’ai pu créer des équipes à l’image de mon entreprise ont été fantastiques. Au contraire, certaines années les candidatures se faisaient si rares que les critères de sélection s’élargissaient au point de carrément prendre « ce qui passait »…Avec les résultats qu’on peut s’attendre : absentéisme (disparation serait plus juste), cohésion d’équipe absente, conflits internes, départs précipités, vols, etc.

 

Pire encore, pour certains postes spécialisés requérant expérience et expertise, la main-d’œuvre qualifiée était inexistante. Tellement que certains compétiteurs appelaient directement mon entreprise pour parler à des employés et leur offrir un poste. Quand le marché est rendu là, ce n’est pas nécessairement bon signe. J’ai réussi à certains moments à déléguer pour trouver un équilibre et baisser mes heures de 80 à 60, même 50 par semaine ! Mais ça ne faisait généralement pas long feu. Un départ d’un employé clé ayant reçu une offre alléchante d’un compétiteur nettement plus en moyen et un conflit de personnalités entre deux employés a mené au départ d’un deuxième élément clé. Retour donc à la case départ et aux 80 heures par semaine…Un aller-retour que j’ai fait 2 ou 3 fois. Devant l’absolu, il me fallait embaucher à l’étranger…Mais, bien que notre gentil gouvernement sa targue d’aider les PME, quand on vous dit que vous devez faire la preuve qu’il n’y a pas de main-d’œuvre compétente ici et qu’après cette preuve établie il faudra 6 mois pour que le Messie tant attendu reçoive son permis de travail, on est loin de répondre aux impératifs du quotidien. Et on se fatigue et nos employés aussi.

 

Mon entreprise était en importante croissance, ayant doublé en à peine quelques années, la compétition se multipliait et venait s’installer de plus en plus proche pour jouer dans mes plates-bandes, je devais attendre des employés étrangers qui n’arriveraient probablement jamais, et j’étais épuisé. Le constat était fait, je n’avais plus de plaisir à gérer mon entreprise et son lot de tracas ni la motivation et l’énergie nécessaire pour passer aux prochaines étapes du développement et la charge de travail supplémentaire qui les accompagnent. La vente se présentait à moi comme la plus sage et la meilleure option.

 

Pourquoi vendre ? Check ! Une bonne chose de réglée! Mais bon, c’est aussi là qu’un autre processus s’enclenche. Reste encore à établir le combien ? Quand ? Comment ?

 

Un plan de match s’impose et le travail ne fait que commencer. Mais à tout le moins, je ressentais soudainement un poids de moins sur mes épaules, un grand pas avait été franchi.

 

Attaquons la stratégie maintenant.

Hummm…

Mais dans un autre article…

 

 

– Vincent